La faune du Forez


Depuis février 2019, je suis stagiaire pour FNE Loire (France Nature Environnement Loire). Ma mission est d’inventorier les amphibiens présents sur 3 communes du département de la Loire ; Mornand-en-Forez, Saint-Paul-d’Uzore, Pralong. Le pôle conservation de l’association est situé à l’Ecopôle du Forez. Il s’agit d’une ancienne gravière exploitée après la seconde guerre mondiale pour les rénovation ferroviaires, routières et d’habitations. Le site a été restauré en une réserve de 150 ha pour le retour de la faune et de la flore. Il est accessible au public et permet d’observer facilement plantes et animaux.

Lors de mes jours de repos, je pourrais faire quelques excursions sur ce site protégé et dans les parcs naturels régionaux (Forez et Pilat).

Sauvetage d’amphibiens à l’Ecopôle du Forez

C’est par une douce soirée de février, que je suis sorti à la recherche des amphibiens qui peuplent les mares de l’Ecopôle du Forez.

Poussé par la curiosité, j’ai jeté un coup d’œil dans un système d’évacuation d’eau de pluie. J’y ai découvert une bien triste scène : 14 grenouilles rieuses, 14 tritons palmés et 1 triton alpestre y étaient piégés. Le trou étant profond et recouvert par une grille, il était impossible pour eux d’en ressortir. En m’approchant de cette geôle, une odeur putride me brûlait le nez. Il y avait 4 grenouilles probablement mortes de faim. Une adulte était très amaigrie et donnait encore quelques signes de vie, malgré une patte nécrosée…  

Un sauvetage s’imposait pour les amphibiens survivants, qui ont été déplacés au bord de la mare la plus proche. Dans l’attente d’une solution, d’autres sauvetages ont lieu. En avril c’est au tour d’une jeune couleuvre à collier (couleuvre helvétique) d’être prisonnière.

Insectes d’hiver

En Février, les températures sont supérieures aux normales de saison. Les insectes ne perdent pas de temps pour en profiter. Nombreuses sont les grandes tortues (le papillon) à se dorer au soleil sur les arbres. Quelques brunettes hivernales volent de branches en branches, tandis que les abeilles domestiques butinent les saules fleuris. Les osmies rousses s’activent et commencent à construire leur nid dans les anfractuosités rocheuses ou dans les hôtels à insectes.

Grenouilles agiles en reproduction

Début mars, les grenouilles agiles sont en pleine période de reproduction. Je me suis rendu à la Caille, qui est un site de l’Ecozone (propriété de FNE Loire) regroupant un boisement, des mares et une prairie. Au crépuscule aucune grenouille n’était présente aux abords des mares. En continuant les recherches, j’ai pu constater qu’il y avait déjà 14 pontes réparties dans 2 mares voisines. Finalement, des grenouilles agiles sortent quelques minutes après la tombée de la nuit. Les mâles prennent place et commencent à chanter…

Des crapauds calamites !

À la recherche de grenouilles agiles, je parcours le site d’une ancienne carrière pendant une bonne heure. J’observe quelques pontes, une petite grenouille rieuse et une grenouille agile (la seule de la soirée).

C’est au moment de repartir que j’aperçois, sur la route, des silhouettes d’anoures. J’étais loin de me douter qu’il s’agissait de crapauds calamites ! C’était la première fois que je voyais cette espèce, équipé de mon appareil photo. Je réussi à photographier 2 adultes et un jeune crapaud.

Epidalea calamita
Epidalea calamita

Impossible de rester plus longtemps à cet endroit. Un coup de fusil a été tiré non loin de moi, en pleine nuit. Certainement pour m’intimider et m’éloigner des habitations.

Je suis donc parti en direction de l’Ecopôle du Forez. À moins d’une minute de la destination, ce ne sont pas 1, ni 2, mais bien une quinzaine de crapauds calamites qui déambulaient sur la route. Une belle observation que j’aurais aimé partager avec d’autres naturalistes.

Excursions diurnes et nocturnes sur un écopont

En mars, j’ai effectué 3 sorties nocturnes accompagné de Mélanie (chargée d’étude sur les amphibiens, reptiles et mammifères), Aline (volontaire action conservation) et Théo (stagiaire entretien). Ces excursions sur l’écopont avaient pour but d’inventorier les amphibiens présents sur ce passage à faune. Le milieu est plutôt sec et les amphibiens peu nombreux. Nous avons pu observer quelques grenouilles agiles dans les mares (en reproduction), des grenouilles vertes et des tritons palmés. Une petite surprise nous attendait : un crapaud calamite qui se promenait sur un hibernaculum. De plus, un micro-mammifère était bien curieux de nous voir et s’est laissé photographier.

En avril, les sorties nocturnes se poursuivent. Nous avons eu de belles observations : 2 rainettes vertes et de nombreux crapauds calamites. Ces derniers chantaient en coeur dans une des mares. À chaque approche, le seul bruit que l’on pouvait entendre était celui des anoures plongeant dans l’eau…

En journée, l’inventaire naturaliste est consacré aux reptiles.

Ainsi, quelques orvets, lézards des murailles et lézards verts sont observés. Un jeune lézard gris (synonyme de lézard des murailles), sortait d’un trou de micro-mammifère. Après avoir pris la position d’un lion surveillant son territoire, ce saurien s’est jeté sur une fourmi rousse qu’il avala aussitôt.

Podarcis muralis
Podarcis muralis

Au mois de mai, nous avons effectué la dernière série d’inventaires d’amphibiens sur l’écopont. Les nuits étaient plutôt douces (10°C) et accompagnées d’une lune lumineuse. Nous avons observé des rainettes vertes, un mâle chantait. Après plusieurs tentatives, j’ai réussi à le photographier avec le sac vocal gonflé.

Une observation qui sort de l’ordinaire : un lézard vert occidental (Lacerta bilineata) se déplaçait dans les herbes en pleine nuit.

La photographie nocturne ce n’est pas que des amphibiens. La nuit, les insectes diurnes dorment dans les herbes, l’occasion de les photographier sans qu’ils ne s’envolent. Pour les araignées c’était une autre histoire… Nous avons eu la chance d’en observer en accouplement.

Les papillons diurnes (Rhopalocères) ont eux aussi eu le droit à quelques clichés. Notamment cette magnifique mélitée du plantain. La nuit permettait aussi d’utiliser le noir ou des teintes de sombre en arrière-plan, ce qui donne une certaine originalité aux photos.

Gros plan sur le lézard des murailles (Podarcis muralis)

Ce lézard des murailles mâle n’était pas farouche et échangeait même quelques regards avec mon objectif. On peut voir que ses écailles se colorent de rouge au niveau de sa gorge et de sa mâchoire inférieure. Cette coloration à but reproductif permet de distinguer le mâle de la femelle.

Podarcis muralis - mâle
Podarcis muralis – mâle

Le long de la Loire

La Loire est le plus long fleuve de France. Sur son cours, on trouve une grande diversité de zone humides et d’habitats favorables aux espèces dulcicoles. Le castor européen y a été réintroduit avec succès. 

Se chauffant au soleil sur une renouée du Japon, cette rainette verte n’échappe pas à mon œil averti. Au vu de sa rondeur, il s’agit certainement d’une femelle pleine d’œufs. Quoi qu’il en soit, sa position décontractée me fait sourire.

Hyla arborea
Hyla arborea

Ce sont ensuite des lézards des murailles et de nombreuses abeilles qui ont croisé mon chemin. Dont une abeille charpentière qui butinait sur les lamiers pourpres et qui avait la tête orange à cause du pollen.

Lors d’un tour de l’Ecopôle du Forez, nous avons photographié (avec Océane Anty) une petite grenouille rieuse sur le chemin.

De retour à la Nef, nous pouvons observer les oiseaux, comme ce héron cendré immature par exemple.

En avril, je profite d’une journée de repos pour photographier les insectes du printemps. Le soleil est au rendez-vous. C’est dans les zones les moins exposées au vent que j’ai pu prendre quelques belles photos.

En fin de journée, j’ai pu photographier cette carte géographique (Araschnia levana) de première génération. Les individus nés au printemps ont le dessus des ailes orange et noir. Ceux nés en été (deuxième génération) ont le dessus des ailes noir avec des bandes blanches.

Araschnia levana
Araschnia levana

L’eau des mares se réchauffe sous les rayons du soleil. Il est temps pour les odonates précoces d’émerger. C’est à la mare de l’Ecopôle que j’observe avec Océane mes premiers zygoptères de l’année. Les ischnures élégantes étaient posées sur les feuilles d’iris et se laissaient facilement approcher. Après avoir effectué le tour du point d’eau et croisé quelques arthropodes, nous avons longé le chemin qui mène au pré aux moutons. Quelques tircis (papillon) hésitaient à se poser. Lorsqu’ils avaient pris leur décision, il était impossible de s’approcher sans les voir s’envoler un peu plus loin. Un peu déçu par ce manque de coopération, nous nous sommes arrêtés sur une pelouse fleurie, où volaient de nombreux papillons. Parmi eux, un machaon et un magnifique Argus vert (Téchla de la ronce). Océane s’est mise à la poursuite de ce dernier, sans succès…

Pour cette série de clichés, j’ai pris soin de mettre en valeur la toile de fond dessinée par les feuilles d’iris. Le résultat me plait beaucoup et je compte bien continuer dans ce style de photographie. Qu’en pensez-vous ?

Des limnées rampaient jusqu’à atteindre l’apex des feuilles, puis rentraient dans leur coquille.

Quelques diptères se posaient à la verticale, la tête orientée vers le sol. Il s’agit de Sepedon sp. dont la larve est parasite des escargots d’eau douce (limnées).

D’autres insectes se déplaçaient sur la végétation aquatique. Il était possible d’observer une « mouche-scorpion », le panorpe (Panorpa sp.) et un insecte sauteur, le cercope sanguin (Cercopis vulnerata).

La petite Motte est une zone humide bordant la Loire regroupant des bras, ces étangs et une ripisylve luxuriante. Quelques indices de présence du castor européen tels que les coupes en crayon, les écorçages et des dépôts de castoréum sont présents sur les berges.

C’est dans la ripisylve que s’épanouissent de nombreux insectes : coléoptères, diptères, odonates…

Lors d’un après-midi consacré à la photographie de petits animaux, Nastasia et moi avons observé quelques Cantharis sp. grimpant sur l’apex des feuilles. Une armée de coccinelle était déployée sur les orties, à la recherche de pucerons. La coccinelle à 13 points étant une espèce que je n’avais jamais observé, qui pourtant semble être commune près des points d’eau.

Les recherches d’odonates étaient plutôt fructueuses. Ce sont une poignée d’individus de deux espèces qui volaient de feuille en feuille : l’ischnure élégante et la brunette hivernale.

Au mois de mai, les sorties à l’Ecopôle du Forez sont toujours accompagnées de belles observations. Par exemple cette superbe couleuvre verte-et-jaune qui se chauffait sur un tronc d’arbre couché.

Un matin, je me suis rendu dans une prairie de l’Ecopôle. Sur les herbes, des petits papillons bleus étaient posés. Ce sont des azurés. Avec la fraîcheur matinale, ils ne bougeaient guère. Cependant, le vent était une difficulté non négligeable. Entre les rafales, j’ai dû m’y prendre à plusieurs reprises pour avoir des photos nettes

Outre les papillons, quelques lézards ont croisés mon chemin. tandis qu’un écureuil me faisait tourner en bourrique autour d’un tronc d’arbre. J’ai retrouvé les bihoreaux gris aux endroits habituels

Combat de grenouilles rieuses ?! Les mâles chantaient en coeur à la surface de l’eau. J’étais loin de me douter que j’allais assister à quelques intimidations et parfois même à des « combats ». Certains mâles nageaient vers leurs congénères, puis sautaient dessus pour les faire couler ou pour les saisir en amplexus et les retourner.

Ce vieux machaon m’a permis de prendre de jolis clichés. Bien qu’en fin de vie, il reste toujours aussi beau et majestueux. J’ai fait plusieurs fois le tour de son perchoir pour le photographier sous tous les angles.

D’autres insectes s’épanouissent dans les prairies et dans les hautes herbes. La diversité d’espèce était plutôt élevée, s’y bien que j’y suis resté 3h bonnes heures.

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